Le couvre-feu, c'est chaud. Très chaud…

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Jamais je n’ai fait autant l’amour que depuis le couvre-feu. Merci m’sieur Durex… euh Castex ! Sans même le vouloir, les situations, d’ordinaire si anodines, se sont révélées plus chaudes qu’un été au soleil. Comment aurais-je pu deviner que faire monter une étagère aller me faire grimper au rideau ou que la livraison d’une cagette de fruits et légumes bio me ferait passer à la casserole ?

Pour beaucoup, la période est morose : épidémie mondiale, temps de chien, chômage tenace, soirée à plus d’une personne interdite et j’en passe. Pour moi, la période est rose, bleue et étoilée. Depuis une semaine, chaque soir, je m’envole au 7ème ciel, que ce soit avec le livreur Ibea, le coursier Uker eat ou ce charmant startupeur primeur. Ce n’est pas de ma faute s’ils arrivent en retard, on n’a pas idée d’arriver à 20h57 avec un meuble à monter puis être de retour chez soi à 21h ! Bien sûr, à ce moment là, je suis déjà en petite tenue de nuit, dents et cheveux brossés, prête à me mettre au lit.

La première fois, je ne m’attendais plus à ce que Dany, le livreur de mon meuble soit au rendez-vous puisqu’il avait prévu son passage entre 8h et 19h or, il était l’heure du souper passée. Après avoir pestiféré contre ledit Dany à cause de qui j’avais passé la journée à la maison excitée comme une puce à l’idée d’accueillir mon meuble en noyer, j’ai été me faire couler un bon bain chaud, des bougies et tutti quanti. J’étais en plein moment d’extase aquatique, Mick me susurrant “Sweet Virginia” à l’enceinte et les flots d’eau chaude caressant mon corps lorsque la sonnette retentit. Sursaut et jet d’eau, je me redresse en panique, glissant à répétition dans ma baignoire. “Qui cela peut-il bien être ?” me demande-je. Je sors en hâte du bain, mate l’heure sur mon téléphone : 20h52. La sonnette se répète, je m’enroule de ma serviette, regarde par le judas et ouvre la porte. Un gars un peu trapu, brun, barbu, genre grizzly, en sueur grogne :

  • “Essscusez l’retard, vot' ascenceur est en panne”

En effet, étant au 8ème étage, je n’ai pu lui en tenir rigueur. Je lui ai proposé de se rafraîchir à l’aide d’un verre d’eau, il a préféré la baignoire. C’est ainsi que j’ai partagé mon bain douillet puis ma couche, puis mes bras à Dany… puis à Livio le livreur de pâtes. Et Michel aussi, ce très gentil électricien, sans oublier Léo le primeur à domicile…

Comprenez-moi, bon sang ! En ces temps hostiles, comment refuser l’hospitalité à de pauvres hommes qui, pour rentrer chez eux doivent payer 135€ d’amende ? N’est ce pas ce que l’on appelle “solidarité” ? Une chose est sûre, je ne suis pas prête à être reconfinée…